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Plusieurs grandes questions voire mutations ont présidé à l’engagement des Etats généraux de la société écologique post-urbaine, notamment la volonté croissante de départ des grandes villes et d’installation dans de plus petites ou dans les campagnes, la valorisation de la relocalisation et plus encore de l’autonomie, la désurbanisation face aux fournaises urbaines et le devenir des savoir-faire de la terre, ou encore les cadres coopératifs d’un polycentrisme confédéral. Sur cette base, deux séries de notes ont été produites dans le cadre de la démarche globale.

LES 6 NOTES D'ENJEUX

Les échanges entre organisations impliquées ont fait collectivement et rapidement émerger 6 thématiques prioritaires autour de la société écologique post-urbaine. Ces 6 notes Enjeux amènent à se poser la question des raisons pour lesquelles il est devenu vital de réfléchir à une réorganisation géographique du peuplement au profit de milieux et cadres de vie à taille humaine et écologique. Elles vont de la rupture anthropologique avec la suprématie des modes de vie urbains jusqu’aux enjeux de la transformation écologique qui n’oublieraient pas les imaginaires dominants à décoloniser. Elles vont de la question sociologique pour fonder une justice sociale et environnementale jusqu’aux formes d’action collective pour parvenir à une société post-urbaine. Elles s’ouvrent aux savoirs et ressources de l’autonomie pour considérer les conditions écologiques premières de l’installation périphérique.

Ancre 1

Rupture anthropologique 

Les villes modernes se sont construites pour maîtriser leurs milieux écologiques dans une volonté d’affirmer une suprématie naturelle de l’homme, ce qui explique l’incapacité des grandes agglomérations à amorcer toute résilience environnementale. Cet héritage nous permet de comprendre comment l’urbain s’est imposé comme le seul référentiel pour penser l’avenir, à partir de modes de vie artificiels destituant les individus de leurs puissances d’agir sur leurs propres conditions d’existence.

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Transformation écologique 

La transformation écologique est évidemment celle de nos manières d’habiter avec la nécessité d’une déconsommation, d’une descente énergétique, d’un ralentissement et d’une déconstruction de besoins artificiels (de voyages au bout du monde, d’équipements obsolescents, de loisirs permanents…). Sobriété, convivialité et autonomie définiraient des pratiques écologiquement respectueuses, ainsi que la prise en compte des limites des milieux écologiques pour délimiter des organisations en réseaux de lieux interdépendants.

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La question sociologique 

La démarche post-urbaine doit penser les conditions de l’accueil digne des plus défavorisés, d’autant plus que les classes moyennes de plus en plus désabusées et les cadres surmenés opèrent spontanément le départ des grandes villes depuis plusieurs années. Au-delà des enjeux de justice sociale, cet accueil assurerait la prise en compte des cultures et pratiques d’écologie populaire, inscrites dans une sobriété qui, parfois subies, est aussi parfois choisies et revendiquées.

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L’installation périphérique 

Penser les conditions de l’installation dans les périphéries permet de faciliter l’arrivée d’anciens urbains, notamment dans une diversité des cultures sociales et environnementales : accès aux ressources, représentations des ruralités, connaissance des cultures locales, visions de l’effondrement… Un travail auprès des sociétés locales permet également de désamorcer des clivages potentiels suscités par des craintes d’artificialisation des sols, de dégradation des milieux écologiques et de mépris culturel lors de la venue des nouveaux arrivants.

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Ressources et pratiques  

Pour d’autres manières d’habiter, il convient d’accéder à d’autres ressources, parmi lesquelles l’accès à la terre nourricière. Ainsi, il conviendrait de considérer en priorité les règles d’attribution et de propriété foncière selon les besoins, par exemple dans l’esprit de la « sécurité sociale de l’alimentation » (Agrista, Confédération Paysanne, Miramap, Ingénieurs sans frontières…). Evidemment les pratiques et les règles d’usage doivent évoluer aussi pour prendre enfin en compte les limites des milieux écologiques…

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Action politique

Qu’il s’agisse de la relocalisation économique ou des nouvelles formes d’entraide se dessinent plusieurs besoins d’organisations à l’échelle des lieux de vie et entre les milieux post-urbains. De nombreuses possibilités plus ou moins expérimentées ou théorisées existent : confédéralisme autogestionnaire, municipalisme libertaire… Il s’agit de les mettre en œuvre en contexte de limites biotiques, d’affaiblissement de nos puissances d’agir par l’urbain ou encore de subordination de nos actions aux institutions.

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LES 4 NOTES D'ANALYSE

Quatre questions sont apparues matricielles et transversales, situées à la croisée des six enjeux. Elles posent les jalons des étapes psychologiques et sociales, culturelles et politiques du mouvement de desserrement voire débranchement métropolitain. On trouvera le développement de ces quatre questions sous la forme de notes d’Analyse, produites et validées par des groupes réunissant à chaque reprise de 6 à 12 organisations partenaires.

L'imaginaire d'une société écologique post-urbaine

Partant du constat d’un désamour croissant des grandes villes et d’une volonté grandissante d’installation dans des lieux hors métropoles, nous souhaitons montrer que pour vivre bien dans les espaces moins denses, de manière épanouissante, il y a quelques vigilances à avoir au risque sinon d’une simple mise à distance spatiale des métropoles sans se défaire des pratiques qu’elles fondent. Pour ne pas nourrir de frustration ou ne pas être le bras armé malgré soi de la destruction du vivant, nous devons comprendre nos freins. Dans ce registre, plusieurs croyances idéalisant la grande ville apparaissent plus que limitantes : la ville comme réalisation de soi et satisfaction de nos plaisirs, avec simplicité, immédiateté et diversité ; la ville comme possibilités d’une vie libérée du jugement des autres quelles que soient nos conditions (sociale, sexuée, racisée…) ; la ville comme lieu idoine de la production en rassemblant les fonctions, en centralisant les pouvoirs, en favorisant une intensité des flux… Tout cela se ferait en faveur de la diversité sociale et culturelle. Tout ceci n’est pas si clair, loin s’en faut.

De la géographie officielle aux biorégions 

Par ses catégories institutionnelles, ses indicateurs standardisés, ses découpages administratifs, la géographie officielle subdivise les espaces selon leurs capacités… de production. Cela s’est fait au profit des principales polarités selon une hiérarchie spatiale des fonctions et activités : aux grandes villes les centres hospitaliers universitaires, aux villes moyennes les hôpitaux, aux petites villes et espaces ruraux les fermetures de maternité… Trois axes sont ressortis pour une géographie alternative : sortir de la logique urbaine en interdisant toute nouvelle construction (avec l’artificialisation et la bétonisation que cela entraîne), en réhabilitant l’existant, en engageant une déconsommation et par là une réduction des flux de la mondialisation ; rebattre les cartes des compétences territoriales à l’échelle de biorégions afin de permettre une émancipation des localités et de penser une réorganisation des espaces de vie à l’échelle de leurs milieux écologiques et culturels ; changer nos mots géographiques pour panser les maux de la dépossession (pédagogies alternatives et éducation populaire pour se réapproprier les enjeux de l’habiter de la terre).

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N’abandonner personne à l’enfer du béton ! 

Les classes populaires, reléguées en interne des grandes villes ou dans les périphéries plus ou moins éloignées, sont les premières à pâtir de l’invivabilité croissante des grandes densités et de leurs corrélats de l’étalement paupérisé. Une société écologique digne de ce nom se veut avant tout inclusive, fondée sur des liens d’entraides et de coopération et donc une diversité d’interdépendances sociales… et écologiques. Comment inclure ces personnes directement concernées par les fournaises urbaines dans la démarche engagée des Etats Généraux ? Poser cette question revient à interroger les conditions d’action de populations soumises aux pressions urbaines, notamment environnementales : il y aurait à cet égard un enjeu premier à penser l’installation périphérique des plus défavorisés tout en rendant l’enfer du béton plus supportable, non pas pour le pérenniser mais pour permettre à celleux qui y vivent d’affirmer leurs forces existantes pour la transformation écologique : cultures populaires de la sobriété et de la convivialité, réseaux d’entraide et de solidarité… 

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Les néoruralités et alternatives post-urbaines existantes

Une société écologique post-urbaine ne peut se contenter d’un déplacement de populations sans transformation écologique des modes de vie et sans considération des systèmes socio-économiques locaux. Penser le post-urbain avec les sociétés locales est l’un des enjeux premiers d’une répartition écologiquement viable et socialement juste des populations. Cet atelier a alors pensé les conditions d’installation en dehors des grandes villes, que l’on ait un projet agricole ou artisanal, que l’on ait une ambition d’autonomie ou simplement d’amélioration de son environnement de vie. Il faut pouvoir accéder au foncier, au logement, à l’énergie… Il faut parfois combiner plusieurs activités et rompre avec quelques représentations idéalisées de l’abondance facile dans les campagnes et leurs ruralités. Mais les cultures locales pourraient accompagner ces installations, en assurant l’accès aux savoir-faire paysans et aux réseaux d’entraides partout constatés, en facilitant la compréhension du milieu écologique et des formes d’habiter réellement localisées.

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